SOUNDCLOUD

Le ciel Rouge est la première sortie d’un nouveau duo, formé par l’ingénieur du son et compositeur français Ida, et la comédienne et chanteuse franco-serbe Anna Bozovic. Fortement lié, à bien des égards, à l’année terrible que notre monde traverse, ce projet à 3 pistes est un conte fascinant sur la peur de l’avenir et l’impuissance à laquelle on peut être confronté à tout moment de sa vie. L’incapacité à saisir l’opportunité d’une évolution - comme regarder les saisons passer dans la tenue douloureuse du spectateur, le spectateur passif qui ne peut rien faire. « Le Ciel Rouge » (signifiant « Le Ciel Rouge » en français) est aussi une réflexion écologique sur la direction stressante et déchirante que prend notre terre mère, et la destruction imparable des choses, des parcelles, des bois ou des sols. L’aspect personnel et hautement poétique du projet exprimé à travers les paroles métaphoriques d’Anna Bozovic - qui s’adresse directement à l’auditeur (« You ») tout en s’adressant à une entité inconnue, qui peut être une personne ou la peur elle-même - donne au sujet une dimension paradoxale et fascinante. Tout au long de l’écoute, la peur devient une danseuse charmante et toxique, et une voix délicate flotte au-dessus des terres desséchées dans un ciel saturé de fumées rouges, nous emmenant des cauchemars aux rêves en une fraction de seconde. Les murmures se transforment lentement en cris lointains, invoquant des forces étranges et l’essence spirituelle des étoiles sans voix au-dessus de nos têtes. En parlant aux artistes, il est apparu que la création musicale d’Ida a été influencée par un voyage qu’il a fait au Chili dans la ville de Chaitén, une petite ville partiellement détruite en 2008 par une éruption volcanique (la photographie d’art a été prise sur le volcan Chaitén par lui-même en 2019). Sa rencontre avec les habitants de la ville, qui reconstruisent leurs maisons sans soutien gouvernemental, l’a marqué alors qu’ils présentaient Chaitén comme un lieu de sérénité - malgré le drame qui s’est produit et l’évacuation forcée à laquelle ils ont dû faire face. Le feu était aussi un élément fréquemment évoqué par Anna, comme une injonction et une menace d’arrêter nos activités et de regarder autour de nous pour voir ce qui se passe vraiment autour de nous. La peur des flammes, un feu de forêt dévorant ou une grosse explosion qui pourrait tout désintégrer en poussière. Les croyances animistes peuvent également être trouvées dans la composition stupéfiante et rituelle d’Ida, créée avec des percussions et des résonances délicates. La subtile modification de la voix et les petits détails entrecoupés tout au long du projet, toujours accompagnés d’un merveilleux océan de réverbération, flirtent avec des arrangements bruyants et un glitch work très précis, parvenant à associer une gamme spécifique de musique électronique aux inspirations traditionnelles. Toute la libération est comme un battement de cœur partagé par deux êtres humains, selon leur rythme ensemble, aidés par le son des éléments qui les entourent. Une dernière saison avant la fin de l’espoir, une dernière éruption musicale « avant que le ciel ne passe du gris au rouge ».